Le manuscrit de Brno CZ-Bm13268 Casimir Wenceslas Comte Verdenberg et Namiest - Année 1713
conservé au musée régional de Moravie, département d'histoire de la musique Provenance : la bibliothèque musicale de l'abbaye de Rajhrad
La musique du manuscrit CZ-Bm13268 est en tablature française pour un luth baroque à 11 chœurs.
Une première page, rédigée en latin de la même main que le reste du livre mais très appliquée, porte un schéma de tablature montrant l’accord du luth ainsi qu’une mention de propriété entourant un blason : « Casimirus Wenceslaus Comes à Verdenberg et Namischt - Anno 1713 », soit « Casimir Wenceslas comte de Verdenberg et Namiest - Année 1713 ». Ceci n’apparait pas comme étant une dédicace mais bien la marque d’un jeune luthiste qui débute un nouveau recueil des musiques qu’il joue. Les premières pages sont très soignées, puis l’écriture devient plus rapide, souvent raturée.
L'auteur des pièces recueillies est souvent indiqué : ce peut être un luthiste célèbre à la cour de Vienne comme Johann Joseph Fux, Wolff Jacob Lauffensteiner, Gabriel Matthias Frischauff ou Johann Georg Weichenberger, mais aussi un noble musicien comme le Comte de Questenberg ou l’empereur Joseph 1er lui-même.
Les comtes viennois de Verdenberg et Namiest, possédaient un domaine morave à Namiest (Námĕšť na Hané en Moravie-du-Sud). Comme la plupart des notables du Saint-Empire et, comme en particulier leurs voisins les princes de Liechtenstein, ils pratiquaient la musique et entretenaient des musiciens dont, peut-être, un ou plusieurs luthistes. Et des échanges sont probables tant à Vienne qu’en Moravie entre les centres musicaux proches comme le sont le château de Namiest avec celui du comte Walldorf à Veselí nad Moravou ou avec le palais de Valtice (Feldsberg) à Lednice, le siège morave des princes Liechtenstein. La cour de Valtice était l’un des plus importants centres musicaux de l’époque. Johann Melchior Pichler, en particulier, y résidait fréquemment, dirigeant et composant pour son orchestre et pour le luth. Dans l’aristocratie de l’Empire, la proximité des familles et des cours était étroite, leur compétition dans la munificence favorisait le mécénat et l’émulation incitait les échanges et la recherche des meilleurs artistes. Comme le montrent leurs généalogies, les attaches entre les familles Liechtenstein et Verdenberg et Namiest étaient profondes. Et, même si l’on sait qu’il n’y avait plus de relations étroites entre la famille allemande des comtes Werdenberg et celle des Verdenberg et Namiest de Moravie, on peut remarquer que Werdenberg, le berceau de la famille, est le château suisse du canton de Saint-Gall le plus proche de Vaduz et donc contigu avec les comtés de Schellenberg et Vaduz, terres que les princes de Liechtenstein venaient, après de longues négociations, d’acheter aux Habsbourg.